Du Flash Mob au Global Mob ? Dispersion éclair, bookcrossing, passe-livres et cadavre exquis "mobbé"...

C'était prévisible... Le phénomène des flash mobs commence à prendre l'eau aux Etats-Unis (et ailleurs aussi !). L'effet flash mob joue aussi sur la raréfaction de ceux-ci et sur la qualité des scénarios (encore qu'il soit difficile d'apprécier la qualité d'un tel truc puisqu'on ne doit pas lui donner de raison ni de but en soi). En fait, ce que l'on observe, c'est que la massification du phénomène (de plus en plus de personnes participant) s'acoquine mal avec un bon flash mob (compte-rendu des participants).

Le flash mob n'est pas si démocratique qu'il paraît être et c'est une question que j'avais déjà soulevé sur mediaTIC, il y a quelque temps : pour ParisMobs par exemple, il faut être proche d'un connexion Internet à 14h le jour-même du flash mob... Cela exclue bien évidemment une importante partie des gens intéressés.
Le mél a été privilégié comme mode "d'avertissement" depuis le début. L'argument premier est de dire que le courriel est beaucoup moins cher que l'envoi de SMS... Oui... L'argument "outils" n'est guère convaincant car il est facile pour quelconque organisateur de trouver une plate-forme d'envoi collectif de SMS à prix réduits.
L'autre argument est le fait que les personnes ne souhaitent guère donner un numéro de téléphone portable à un anonyme... Libérons l'anonymat : bref, pas d'anonymat des organisateurs... Et tout est plus simple ; non ?

Dans ce fatras de questionnements au moment où les médias français délivrent article sur article au sujet des flash mobs (trop souvent en se gardant bien de citer leurs sources d'information ;-) et que les hebdomadaires français s'y intéressent (Le Point, c'est déjà fait ; Le Nouvel Observateur, c'est pour très bientôt !), il reste à réinventer le concept de flash mob... Sans que ce soit un flash mob, justement.

D'un phénomène centripète (on se réunit tous dans un même lieu à une heure donnée), la dispersion éclair se base sur un phénomène de masse tout autre : disperser le même jour à la même heure...

Voilà ce que E. Chamontin, journaliste et blogueuse a fait ce 11 septembre à 14h46 (heure de Paris) :
"Aujourd'hui, à 14 h 46 très exactement (heure locale) j'ai libéré Bartleby le Scribe, d'Herman Melville, sur une tablette dans une rame de métro de la ligne 13, à la place Clichy. J'avais écrit une dédicace du style "ce livre a été libéré le tant à telle heure par N. Ami lecteur, si tu le récupères etc.." Un peu avant la station Gaîté, un touriste italien qui lisait la Republica s'en est emparé, a lu attentivement la quatrième de couverture, puis la dédicace, deux fois, puis est sorti en l'emportant sans autre forme de procès. Plus tard, j'ai eu beau chercher, je n'ai pas vu d'autre livre libéré. Suis-je la seule a avoir suivi le mot d'ordre d'attentat poétique du 11 septembre ?"

Les Humains Associés rappellent le principe de cet Attentat Poétique quelque peu particulier (dont l'initiative n'est pas innocente... elle a été lancée par différents éditeurs !) :
""Le 11 septembre, commettez un attentat poétique". Ce matin-là, nous sommes invités à "sortir muni d'un livre, important pour vous, un livre qui a changé votre regard sur le monde, écrivez-y une dédicace et libérez-le sur la voie publique, sur un banc, dans le métro, dans un café à la merci d'un lecteur inconnu". Des commandos d'écrivains et de lecteurs de plusieurs pays vont disperser des livres dans les rues, le jeudi 11 septembre à 14h46 à Paris, Bruxelles, Florence, San Francisco et Avignon. "Le 11 septembre ne restera pas un anniversaire funèbre si nous transformons cette date, ensemble, en un acte créateur et généreux"".

Cet acte individuel qui génère du collectif s'appuie sur un bouche à oreille ("buzz") collectif où les nouvelles technologies jouent un rôle central.
Cet "Attentat Poétique" (c'est donc son appellation !) est inspiré du bookcrossing, un phénomène assez nouveau, qui consiste à laisser un livre dans un endroit public contenant une marque et à signaler sur Internet le lieu où on l'a trouvé... Et à continuer de faire circuler cet objet "livre" ainsi de suite...
Plusieurs plate-formes existent : Book Crossing, Passe Livre ou le local Les Livres Pédestres. Sur le bookcrossing, voir cet article de La Vie du Net.

Sur Transactiv.exe, il est évoqué un autre mode intéressant interactif et hyperlié proposé par Christophe Ducamp : assurer la traduction d'un livre de manière collaborative en agissant de la sorte :
"SmartMobs est toujours en attente de sa traduction francophone :) Rencontré un traducteur prêt à jouer le jeu l'autre jour lors d'une FlashMousse. Je veux bien photographier la page 1 avec un TéléphonePhoto et les autres pourraient continuer ailleurs... sur leurs MobLogs.
La suite imaginable : une TraductionCollaborative via wiki qui réagrègerait l'ensemble des pages photographiés :)."
Reste que la question du copyright segmenté n'est pas résolue...

Toutefois, organiser une dispersion éclair hyperliée via téléphone photo, c'est-à-dire : faire un bouche à oreille hyperlié insistant sur le narratif : mon billet répond à ce billet et ainsi de suite pourrait être quelque chose d'intéressant... Un cadavre exquis "mobbé" ?? C'est pour bientôt ?

Sources d'inspiration pour ce billet : Netlex France - SmartMobs - Transactiv.exe - La Feuille.