"A propos de ma première rencontre avc Mademoiselle Prada, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Observation maladive, tel est mon défaut.
J'avais décidé, ce jour-là, de me concentrer sur les sacs. Sacs à dos, sacs à main, sacs à bandoulière, sacs moches, vieux sacs, sacs abimés, sacs personalisés, sacs fantaisie, sacs prise de tête, etc... Mon voisin de droite, par exemple, avait une espèce de valise en cuir, avec une poignée métallique qui brillait comme du chrome poli et une longue bandoulière du même cuir noir que le rabat de la poche extérieure, qui fut directement classé dans la catégorie des sacs "prises de tête". La fille assise devant moi, très classique, avait un simple sac à dos en toile bleue, et l'une des participantes à ce passionnant cours de sociologie de la communication avait posé dans l'allée un petit sac en velours noir, décoré de fleurs en perles. Charmant.
Le cours allait commencer d'ici quelques secondes, les derniers arrivés étant les derniers servis, le manque de place les obligeant à occuper des chaises rajoutées dans les allées, et j'avais les yeux baissés vers le sol, cherchant du regard un petit bout de gomme qui m'avais échappé des mains. Et c'est à ce moment-là qu'un sac en soie verte, bordé de biais beige, un grand sac carré, solide, mais immanquablement classe, un sac que l'on ne trouve pas dans n'importe quelle boutique, comme le confirma la petite étiquette rouge et or qui passa furtivement devant mes yeux: "Prada". Marque italienne. Attirée malgré moi par tout ce qui représente la classe, grand mot qui englobe l'élégance, la désinvolture, la recherche négligemment "cool", la beauté, le confort, le luxe, la simplicité, la richesse en définitive, j'étais hypnotisée par le dos de la fille au Sac Prada, qui s'éloigna dans la direction opposée à ma place pour se faire offrir une chaise par un charmant jeune homme très bien élevé.
C'est fou, observer les sacs des gens, ce que ca passe le temps (...)."
Posté le 27 novembre 2003.
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