Blogue d'actualite du blogue et d'ailleurs sur le Web... Blogue mémoire en ligne depuis 2003... Précurseur en son genre, ce "blogue de liens" existe depuis la nuit des temps (en âge blogosphèrique). À sa naissance il participa aux grandes lignes de l'infernale blogosphère, puis des remous virtuels le firent tanguer sans arriver à le faire sombrer. Il se retrouva en ces eaux paisibles d'où il vogue désormais sans peine ni tracas...

25 septembre 2004

Voyage au seuil de la litterature blogospherique

Il y a la génération qui s'éteint. Celle de François Sagan qui vient de nous quitter. La bienveillance des nécrologies les plus émues ne rendront pas compte de la subversion qui fut la sienne quand elle explosa à la face du monde littéraire en mars 1954 avec ce petit roman "Bonjour Tristesse". Elle a brûlé sa vie, montrant la voie à génération suivante qui se reconnut en ce qu'elle aimait "Bach et les Beatles".

On avait oublié que François Sagan avait choisi pour nom de plume celui de la Princesse de Sagan de Marcel Proust. Aujourd'hui, l'hommage à la romancière conjugué au talent des nouveaux auteurs rend la chose impossible.

L'époque a déjà rattrapé le talent d'hier, et en cette rentrée littéraire, les aînés saluent les nouvelles plumes qui inscrivent leur récit dans une filiation romanesque comme une promesse de continuité. En 2004, Octave, personnage secondaire d?"A la recherche du temps perdu" est le personnage principal du livre de Gaspard Koenig : "Octave avait vingt ans".

Vous l'avez compris, pour parler de la rentrée littéraire, il faut aller à la rencontre du roman dans l'auteur (les personnages qui l'habitent), sans négliger l'auteur dans son roman (les personnages qu'il habite). Et pour mieux situer l'enjeu, voyez par exemple L'écrivain dans son roman : de Marcel Proust et Louis-Ferdinand Céline aux auteurs français contemporains par Pierre-Edmond Robert (pdf).

Chaque automne, c'est la même chose. Il y a de plus en plus d'oeuvres publiées en quête de lecteurs, et dans ce monde où l'on s'inquiète des délocalisations, la littérature étrangère séduit de plus en plus de lecteurs.

Mais toute la littérature est-elle encore dans les livres ? A une époque où se multiplient les supports et les mode d'écriture, comment peut-on raisonnablement penser que le talent des mots n'est véritablement reconnu que par la publication sur papier ?

Ce que l'on n'a pas encore résolu dans la blogosphère, et c'est aussi tout l'intérêt de ce chantier permanent, c'est entre autre chose, le statut de l'écrit. Non content de mordre sur la diffusion des nouvelles, voilà que le webloggueur se pique de littérature. Ou mieux encore. Tel Monsieur Jourdain, il produit sa propre littérature, mais sans qu'il s'en rende compte.

La blogosphère, média "chaud" par excellence, servirait une écriture de l'instant, un épanchement numérique de la pulsion. En un mot, l'écrit du bloggueur s'inscrirait dans la geste moderne de l'immédiateté.

Pourtant, de façon intuitive, on sent bien que le discours de la techno-modernité qui associe progrès et communication planétaire ne suffit pas à transformer l'échange des rumeurs du monde en littérature. Il y a bien autre chose qui nous guide et nous aide à reconnaître dans le flot des mots, ce qui émerge comme une vraie littérature, quand bien même, ce ne serait qu'une promesse de littérature.

Dans la blogosphère, il y aussi de la littérature. On la lie, on la commente. On tente de la faire découvrir à d'autres, mais sans le dire. La littérature de la blogosphère n'a pas d'existence officielle. Pas encore. Mais on en parle, avec raison. Car ceux qui parlent de livres, a fortiori, de ceux qui n'existent pas, ne sont jamais loin de la littérature.

Démonstration :

"Les livres faut-il en parler, avaient été gribouillés maniaquement, ils étaient ouverts ici et là, sur les pages, au crayon bille des graffitis qui évoquaient des culs de lampes ou une signature de notaire. Un tabellion pervers avait saccagé la bibliothèque. Les gravures anciennes qui ornaient le lieu étaient pareillement salies, sauf l'une d'elle qui représentait le retour d'Ulysse en sa patrie. D'autres livres et gravures étaient rongés, dévorés, dépecés, lacérés par des dents minuscules, plus petites que celles des rats. Terrifié on pensait voir à l'oeuvre et l'on craignait de voir surgir un tout petit peuple d'animalcules, destructeurs impénitents dont sans doute l'odeur d'urine âcre et malsaine devait flotter encore."
Le désordre Divagations sur des graphismes 14 juillet 2004 par Boblog.

Et vous non plus, ne résisterez pas à l'envie d'en savoir plus sur l'auteur.

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