Mais je n'enviais guère mes confrères (en particulier, ceux que je cotoyais le plus : ceux de la Presse magazine) victimes et prisonniers d'un système où il faut se montrer bien conciliant pour pouvoir non seulement vivre mais aussi se frayer un petit chemin même s'il est modeste.
En découvrant ce soir les propos de la carnetière de Racontards rappportés chez Gazobumeu, je me dis que ça n'a vraiment pas avancé dans le bon sens et je dirai même que la situation devient de plus en absurde pour un journaliste de la Presse magazine en France ; voilà qui tranche avec le côté paillettes pensé par certaines personnes (hors de la profession) ; extrait :
"Je suis journaliste. Assise. Je ne vais pas sur le terrain. Et quand j'y vais ce n'est pas celui de la guerre.
Non, contrairement à ce que beaucoup semblent penser, ce n'est pas le journaliste qui décide. Dans le temps, oui, peut-être. Ce temps là est fini depuis longtemps. Le journaliste, il écrit ce qu'on lui dit d'écrire. La presse appartient aux grands groupes industriels. La seule chose qui intéresse ces grands groupes, c'est faire du fric. Qu'est-ce qui rapporte le plus de fric dans la presse : le lecteur ? le téléspectateur ? Ben non, la vente d'espace de pub. Donc, le JT, très regardé, n'est pas fait pour satisfaire le français moyen qui le regarde, mais l'acheteur d'espace de pub. Ce n'est pas parce qu'un sujet dérange qu'on ne le fasse pas. Mais parce qu'il dérange celui qui va passer sa pub avant, après ou pendant le journal...
Dans le canard dans lequel je bosse, je suis confrontée tous les jours à ça. Tel sujet intéresse le lecteur ? Oui, mais il effraie les annonceurs. Hop à la trappe. Et pourtant, je bosse pour un des derniers vrais groupes de presse et uniquement de presse qui existe en France. Mon entreprise ne fait pas du béton, ni des armes ni rien d'autres que fabriquer des magazines. Des magazines, oui, mais considérés comme des produits...
(...)
On a la presse que l'on mérite. Le partage entre les puissants c'est fait il y a vingt ans maintenant. Qui s'est levé pour défendre la profession ? même pas la profession elle-même. Maintenant, elle s'en mord les doigts. Placer un sujet intéressant dans un canard, devient quasi impossible. sortir des sentiers battus, si on veut manger, est fortement déconseillé."
Et même si je sais pour quel support Racontards travaille ; vous n'en saurez rien!
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