Blogue d'actualite du blogue et d'ailleurs sur le Web... Blogue mémoire en ligne depuis 2003... Précurseur en son genre, ce "blogue de liens" existe depuis la nuit des temps (en âge blogosphèrique). À sa naissance il participa aux grandes lignes de l'infernale blogosphère, puis des remous virtuels le firent tanguer sans arriver à le faire sombrer. Il se retrouva en ces eaux paisibles d'où il vogue désormais sans peine ni tracas...

15 mars 2004

Relations entre blogueurs et blogueurs politiques

Je rebondis sur l'excellent billet de Netlex : Weblogs politiques : l'inquiétante extase ? ; extrait :

"Les webloggueurs du "canal historique" se penchent sur les weblogs politiques tels des enthomologistes bienveillants accueillants les premiers adeptes d'une science occulte dont quelques gourous patentés vantent les mérites dans un discours humaniste, progressiste et parfois, vaguement technolâtre.
C'est ce mélange de tolérance, de convivialité, et de vraie passion pour ce nouveau médium qui a permis aux weblogs de passer du bidouillage à la publication de masse, tout en donnant l'impression à ses membres reconnus d'appartenir à une grande famille. Mais à mesure que le cercle des adeptes s'élargit, que se forme de nouvelles familles idéologiquement de plus en plus marquées, le climat change.
L'écosystème politique de la blogosphère est en voie de mutation rapide, et le béotien découvre soudain, au détour d'un lien, que le discours sur les weblogs n'est plus le fait de quelques amateurs passionnés, mais aussi, qu'il s'inscrit dans une tradition de pensée critique sur la technologie et son rapport à la modernité, l'égalité face à la culture, etc.
Connaissance et technè sont dés lors convoqués dans des débats théoriques qui ne sont plus seulement le fait de quelques spécialistes de la communication, mais bien des enjeux proprement politiques qui renvoient à une topographie des affinités et à une tyrannie des petites différences parfaitement répertoriées sur la carte des querelles de l'intelligentsia que cette dernière tient à jour de façon encore plus vigilante qu'un webloggueur surveille ses referers.
Le problème ? Mais il n'y a aucun problème. Mis à part peut-être que les spécialistes du CSS n'ont pas forcément lu Platon, et que la critique de la Raison Pure n'est plus une raison suffisante pour insérer une table dans une page HTML.
La "liberté fatale", vue de la blogosphère, c'est que le philosophe y a définitivement perdu son aura de "penseur-phare", qu'il se développe effectivement une culture critique, elle aussi de masse, et que les nouveaux ilotes technolâtres n'ont pas rien retenu du complexe qu'on a tenté de leur inculquer en pure perte, envers ceux qui lisent Socrate ou Aristophane dans le texte."


Jusqu'alors peu politisé, le petit monde des blogs francphones parlant des blogs ou de l'actualité visait jusqu'alors un cercle restreint peu élargi de sa propre communauté, qu'elle soit d'intérêt, de reconnaissance (le blogueur vit dans une "économie" de la reconnaissance : "je suis connu donc reconnu" à divers degrés) ou amicale ou encore familiale. Mais ce petit monde qui disserte sur les blogs ne représente tout au plus qu'une infime partie des blogs francophones au regard au plus de 100 000 blogs existants, qu'on les apprécie ou non.
Autrement dit, l'explosion récente du nombre de blogs créés et régulièrement mis à jour remet en cause la bienséance d'échange de liens : de poursuite d'un discours hyperlié, de commentaires apportant du grain à moudre à son propre discours.

Le miltantisme politique investit le champ des blogs. Il exploite rarement le champ des commentaires, souvent banni car il s'agit là plus de l'activité d'une expression que d'une réaction. Il n'est pas rare que ces blogs lient des carnets Web apparentés politiquement et créent des "webrings" de reconnaissance. Leur démarche de conversation est plus inter-blogs que dans le couple billet-commentaire.

L'apparition des blogs d'hommes politiques français avec champs de commentaires est investi par des blogueurs de la première heure dont le discours revient souvent à dire : Ce n'est pas un blog ? Pourquoi ce nouvel investissement médiatique par des politiques ?
Ceci est très franco-français, tout de même. Lorsque Tom Watson, le député travailliste anglais a débuté son blog, peu ont été critiques. Il s'est frayé une place et un espace désormais respecté de tous, militants et opposants.
Or, ce qu'on a du mal à entrevoir et à laisser s'échapper, c'est cette chance que les politiques français doivent saisir. Alain Rousset signifiait récemment que l'exercice du blog n'est pas naturel pour un homme politique : dans cette relation en ligne avec un internaute inconnu, le politicien est mal à l'aise. Comme tout blogueur, il lui faut un temps pour apprivoiser le fond et la forme. Souvenons-nous de nos premiers pas dans le monde des blogs : ont-ils été si parfaits ? Ne donnaient-ils pas lieu à une réflexion sur sa propre pratique du blogging ?

Le second reproche, c'est la réponse attendue à l'internaute. Celle-ci est attendue et est très decevante si elle n'apparaît pas rapidement en ligne. Mais aucun politicien n'est obligé de répondre à une question immédiatement. La question renvoie aussi à un sujet plus vaste : celui de l'anonymat. Le politicien est, par nature, un homme public, exposé comme tel dans l' "arène". Il n'est pas un pseudonyme. Ses mots se doivent d'être pesés et soupesés car ils induisent du sens non seulement dans un discours mais aussi dans une carrière.
Il est alors difficile de se reconstruire une identité en ligne. Or, l'identité d'un blogueur ne correspond pas, le plus souvent, à l'identité de la personne non virtuelle. Cela déroute le politique comme ceci déroute notre vie en ligne. Cette identité est source de débats... Pour l'homme politique, l'image en ligne et hors ligne doivent être similaires dans le rapport au citoyen, dans son image.

De l'indulgence. Il faut donc de l'indulgence envers ces politiques qui entament la démarche d'entreprendre un blog et surtout de continuer l'aventure.

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