"Les Iraniens sont très doués pour, dans un système fermé, inventer des archipels de liberté. Ce pays est capable de produire Chirine Ebadi, des centaines d’artistes étonnants, des ONG par centaines et des débats passionnants. La société civile a ici sa vie propre. Loin, très loin, du pouvoir. L’Iran est si jeune qu’il déborde de vitalité. La philosophie, pour la jeunesse, est devenue un enjeu majeur. Elle lui permet de créer un pont entre l’Iran et l’Occident. Grâce à internet et aux satellites, elle est au courant de tout. Tout est bon aux jeunes pour bricoler leur nouvelle identité. Leurs weblogs sont incroyables. Ils y livrent leurs journaux intimes, racontent leur sexualité. Grâce à eux, la société civile a décollé à la barbe des mollahs. "Qui sommes-nous?" est leur question philosophique obsédante. Ils bousculent tous les modèles traditionnels. Bref, ils inventent de l’intérieur une société qui s’est, de fait, sécularisée. J’ai beaucoup voyagé. Je n’ai jamais connu un pays où la demande philosophique soit aussi intense. Quel appétit! Pour moi, philosophe, l’Iran est un eldorado."
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