Blogue d'actualite du blogue et d'ailleurs sur le Web... Blogue mémoire en ligne depuis 2003... Précurseur en son genre, ce "blogue de liens" existe depuis la nuit des temps (en âge blogosphèrique). À sa naissance il participa aux grandes lignes de l'infernale blogosphère, puis des remous virtuels le firent tanguer sans arriver à le faire sombrer. Il se retrouva en ces eaux paisibles d'où il vogue désormais sans peine ni tracas...

05 octobre 2003

Note ergonomique sur le téléphone-photo

Originellement publié le 2 octobre sur CraoWiki, je reproduis ici (avec son autorisation) une note de Isabelle Vodjdani (maître de conférences à l'Université de Paris I) qui sera bientôt publié dans un article sur le photo-moblogging sur le site Web : Images Analyses. Elle réféléchit à l'ergonomie du téléphone-photo et j'ai trouvé ces propos véritablement passionnants :

"Ergonomie du téléphone-photo :
Différence notable par rapport aux appareils photo numériques, le déclenchement se fait non plus avec l’index mais avec le pouce. La position de la main est donc assez différente. Cette différence est comparable à celle qui distingue un revers d’un coup droit dans un sport de raquette. La disposition d’esprit de celui qui photographie avec la paume de la main tournée vers soi est sans doute moins extravertie que celle du photographe dont la main doit subir une torsion latérale, paume tournée vers l’appareil photo.
Howard Rheingold appelle les usagers du téléphone mobile qui communiquent par SMS, des « thumbwriters ». Ce retour en force du pouce, partie de corps fortement investi pendant la petite enfance dans les moments de repli sur soi, par contraste à l’index qui marque le début de l’accès au langage et à la distance, ne peut pas rester sans conséquence sur la manière dont on « cueille » le monde qui se présente à nous.
En outre, comparé au viseur d’un appareil photo traditionnel, l’écran LCD du téléphone-photo, (comme celui d’autres appareils numériques), introduit un rapport fondamentalement différent à l’objet visuel. L’écran LCD, surtout sur les téléphones-photo, présente l’objet visuel comme une petite image déjà captive, bien calée entre les mains du photographe. Avant même d’être enregistrée, l’image est possédée de façon intime.
Le regard a naturellement anticipé le devenir objet de l’image. Au contraire, le fait d’avoir l’œil collé au viseur d’un appareil photo traditionnel produit un tout autre effet. Le regardeur est dépaysé, comme propulsé hors de son corps. Il est captif de l’objet visuel, il l’habite. Avant de devenir une vignette, l’image est d’abord un lieu.
Ajoutons à cela le fait qu’en combinant deux fonctions, le téléphone-photo devient un outil que l’on porte en permanence avec soi, que l’on sort de sa poche ou de son sac à tout moment, ce qui banalise tout à fait le passage à l’acte photographique. Le moindre détail de la vie quotidienne devient matière à image."

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