"Feu d'artifice d'épaules dénudées, de minijupes transparentes, de décolletés pigeonnants, de nombrils brillants. Les filles tirent leurs dernières cartouches, on sent que l'hiver approche. Et les orages qui éclatent les uns après les autres réduisent la fenêtre de tir. Du coup, l'air est irrespirable, saturé de phéromones. J'ai la tête qui tourne dans tous les sens et je me réfugie dans la Fnac Montparnasse où il fait meilleur. Mais, là encore, c'est plein de créatures inoubliables. Pour pas disjoncter, je choisis un bouquin, pas tout-à-fait au hasard (il n'y a pas de hasard, je sais) : "Trio sublime", de Thomas Peacock (1785-1866). Cette jolie brune frisée ferait bien de passer son chemin si elle ne veut pas que je lui saute dessus et que je l'entraîne dans mon antre pour la dévorer. Elle porte une robe-blouse courte et kaki, assez pratique, et pas grand chose en-dessous je présume. Aux pieds, des mules ajourées, et, entre la robe et les mules, deux jolies jambes très bien dessinées, par un peintre italien on dirait, avec des genous un peu pointus comme je les aime.
Je lis la page treize d'une traite : "(...) Ces améliorations, comme vous les appelez, me semblent comme autant de maillons dans la longue chaîne de la corruption qui réduira bientôt en esclavage la race humaine tout entière et la plongera dans une misère incurable ; vos améliorations se déroulent suivant une croissance simple, tandis que les besoins factices et les appétits artificiels qu'ils engendrent procèdent, eux, suivant une croissance exponentielle. C'est ainsi qu'une génération acquiert cinquante besoins et qu'on invente cinquante manières de les satisfaire, qui chacune à son tour en engendrera de nouvelles, si bien que la génération suivante en a cent, celle d'après deux cents, celle d'après quatre cents, jusqu'à ce que chaque être humain devienne un tel composé d'inclinations perverses qu'il se trouve entièrement à la merci des circonstances extérieures, perd toute indépendance et toute originalité et dégénère si rapidement de la dignité primitive de son origine sylvestre qu'on ne voit guère d?autre perspective pour l'espèce humaine que celle de périr exterminée par sa propre imbécilité et sa propre ignominie (...).""
Posté le 19 août 2004.
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