Vers 6h du matin, heure locale, ce jeudi 9 octobre 2003, nous accueillons notre chauffeur dans le hall de l’hôtel à Amman. Il échange quelques mots avec notre ami irakien. Après les présentations, Dalila lui demande l’état du trajet. Il nous répond que ces derniers temps, il a plus travaillé pour les « brigands » de la route que pour nourrir sa famille. Il rajoute aussitôt que, depuis peu, la police irakienne tente de sécuriser la portion qui va de la frontière jordanienne à Bagdad. Nous prenons la route néanmoins confiants.
Sortis de l’agglomération d’Amman, nous nous retrouvons immédiatement dans le désert. Les maisons ressemblent à des "legos" éparpillés. Myriam dort sur une banquette du Chevrolet 4x4 qui équipe tous les chauffeurs faisant la navette d’une capitale à l’autre. Evelyne, à mes côtés, vit dans la hâte du voyage, exaltée. Dalila est à côté du conducteur et parle avec lui. A l'arrière d'un camion, on peut lire : « Je ne pleure pas pour ce monde que je laisse mais je pleure pour tous ceux que j’y laisse ».
A 11h30 nous entrons en Irak. Les formalités douanières se passent sans encombre. De nombreux camions sont garés sur un parking, chargés de voitures. Il existe en Irak un véritable trafic de véhicules venant du monde entier. Une grande majorité de voitures roulent sans plaque d’immatriculation. Sur l’autoroute que nous parcourons à 160 km/heure, les fossés sont jonchés de lambeaux de pneus éclatés. Tous les 20 km, des tables de pique-nique… Intactes. Le désert irakien est omniprésent, parsemé de temps à autre de quelques habitations isolées. Nous faisons halte au kilomètre 160. Nous apercevons quelques commerces. Un bar est ouvert, nous allons y boire une tasse de thé. A peine terminée, nous repartons sur l’impulsion de notre chauffeur, excellent conducteur au demeurant : nous avons un horaire à respecter.
Vers 14h45, nous sommes arrêtés par la police irakienne en faction sur l’autoroute. Le chauffeur dit que nous sommes de la Croix Rouge et tous français. Quelques sourires et rires un peu retenus et les policiers nous font signe de repartir. A 14h55, nous passons au large de Ramadi : nous voyons des hélicoptères américains qui patrouillent dans le ciel. Des colonnes de fumées noires et blanches s’élèvent au-dessus de la ville. Il faut accélérer. C’est ce que nous faisons à plus de 175 voire 180 km/heure.
A l’approche de Bagdad, nous doublons un convoi militaire américain. Plus loin, un autre célébrant un mariage irakien. Nous entrons dans Bagdad. Les rues fourmillent de monde. Des klaxons retentissent un peu partout. Nous apercevons des bâtiments détruits par la guerre. Notre chauffeur nous raconte l’histoire des premiers bombardements…
Nous arrivons à proximité de notre hôtel. Toutes les rues sont bloquées. Des jeunes de 20-25 ans font la police, kalachnikov à la main. Ils ne veulent pas nous laisser passer. Dalila insiste. Ils appellent un soldat américain qui s’approche de nous. Ils donnent un ordre au jeune Irakien et s’en retourne à son poste 30 mètres plus loin. Nous ouvrons nos sacs, le jeune Irakien les fouille succinctement puis déplace les fils barbelés pour nous laisser passer. Des rumeurs circulent évoquant de prochaines cibles pour de nouveaux attentats. Nous nous installons dans notre hôtel qui dispose d’une connexion Internet. C’est inespéré. Des hélicoptères américains ne cessent de tourner au-dessus de nous. Je reste confiant. Notre travail commence demain et Dalila s'efforce de joindre au téléphone notre nouveau chauffeur qui nous conduira dans les rues de Bagdad, de rendez-vous en rendez-vous.
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