A 15h, l'Airbus A320 de la Royale Jordanian décolle de Genève. Durant le vol, nous nous assoupissons, nous échangeons nos impressions sur le voyage, sur les images qui défilent à travers le hublot. "Please" nous lance gentiment l'hôtesse de l'air en nous tendant une sorte de compresse au bout d'une pince. Je la saisis en la remerciant. A peine dans mes mains, je manque de la faire tomber : elle est bouillante.
Un homme est assis à côté de Dalila. Il a un gros pansement sur la joue droite et le visage un peu accidenté. Il demande à Dalila : "Mais où allez-vous ?" Dalila répond : "A Bagdad." "Mais vous êtes fous, rétorque-t-il, je viens de passer un mois en Allemagne dans un hôpital d'une base militaire américaine pour me faire soigner mes blessures. J'étais employé dans les bâtiments de l'ONU à Bagdad lorsqu'ils l'ont fait exploser..." A l'atterrissage à Aman, lorsqu'il quitte l'avion, nous remarquons qu'une bande lui entoure le crâne, cachée sous sa casquette.
Nous présentons nos passeports au secteur immigration de l'Aéroport International d'Amman. Nous récupérons tous nos bagages et retrouvons les amis de Dalila à la sortie. Il y a deux hommes et deux femmes qui ne semblent pas se connaître. Les deux femmes sont jordaniennes. Parmi les hommes, l'un est jordanien, l'autre est irakien. Dalila semble à l'aise. Je le suis aussi car même si je ne parle pas arabe, je peux échanger quelques mots en anglais avec l'ami jordanien. L'ami irakien, lui, parle avec Dalila tout le temps.
Nous partons en voiture vers l'hôtel. Moi je suis avec les hommes. Dalila et Evelyne restent avec les femmes. Elles conduisent. Nous nous retrouvons tous à l'hôtel Maraya. Il est 20 h et il fait nuit. Je m'assois avec les hommes pendant que les femmes s'assoient ensemble. Un peu plus tard, je m'enquiers auprès de Dalila pour savoir comment elle va. Elle est à l'aise dans sa mission. Evelyne jubile. Myriam est heureuse d'être là et moi je sens toute cette culture me traverser le corps et l'esprit lentement. Demain, à 6h du matin, nous partirons pour Bagdad. Un seul chauffeur, un voyage direct durant douze heures. "Inch'Allah".
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