Blogue d'actualite du blogue et d'ailleurs sur le Web... Blogue mémoire en ligne depuis 2003... Précurseur en son genre, ce "blogue de liens" existe depuis la nuit des temps (en âge blogosphèrique). À sa naissance il participa aux grandes lignes de l'infernale blogosphère, puis des remous virtuels le firent tanguer sans arriver à le faire sombrer. Il se retrouva en ces eaux paisibles d'où il vogue désormais sans peine ni tracas...

30 mai 2004

Le quotidien français Le Monde manifeste sa peur des blogs et parle d'une "grande cacophonie"

Il n'est pas courant que le quotidien Le Monde évoque les blogs et encore moins en s'intéressant au phénomène en France. Coup sur coup, ces dernières heures, 2 papiers viennent d'être publiés dans un sens commun sur le croisement déclaré (mais non factuel) entre blogs et journalisme : l'un très neutre basé sur une étude Pew : Les journalistes américains inquiets pour leur métier qui montre la perception de leur métier par les journalistes eux-même, n'est guère reluisante, en indiquant par exemple :

""La plupart des secteurs de l'information, en dehors de l'Internet, perdent de l'audience tant la concurrence est devenue sévère", souligne M. Rosenstiel. D'où des restrictions budgétaires. Les experts de Pew précisent que 4 % des emplois (2 000 postes) ont été supprimés dans la presse écrite entre 2000 et 2004. Dans les réseaux nationaux des chaînes de télévision, le nombre de correspondants a diminué de 35 % et les sujets traités par journaliste ont augmenté de 30 %."
Il n'est pas question de blogs dans cet article mais on sent la pression des Carnets Web se resserrer autour de l'activité journalistique.

Mais, c'est surtout ce papier de Bertrand Le Gendre qui tente de disséquer et d'expliquer (sur la défensive) que le blog n'est pas le miroir aux alouettes du journalisme participatif ou citoyen : Tous journalistes ! ; extraits :

"Pour le meilleur et pour le pire, la Toile est devenue la providence des journalistes autoproclamés, grâce aux weblogs. Tiré de "log", "journal" ou "carnet de bord" en anglais, le mot "weblog" désigne un site personnel où un internaute peut rendre publiques des informations, commenter l'actualité ou dialoguer avec qui le souhaite. S'il est impossible de recenser tous les weblogs nichés dans les recoins de la Toile, il en existe probablement des millions, simples journaux intimes ou à prétention plus professionnelle comme le site www.drudgereport.com du sulfureux Matt Drudge."

"Google, qui truste 70 % du trafic engendré en France par les moteurs de recherche, aiguille les internautes qui veulent créer leur weblog vers www.blogger.com, l'une de ses pages spécialisées. L'argumentaire diffère peu d'un hébergeur de weblogs à l'autre. Tous vantent l'intérêt des internautes à faire entendre leur voix dans le grand concert - la grande cacophonie - de l'information en continu. Le site en français www.u.blog.net loue les avantages d'un "média capable de recueillir et de diffuser votre info en temps réel". Tandis que Google insiste sur les possibilités offertes aux journalistes "professionnels et amateurs" de publier des informations exclusives."

Ce n'est pas tout à fait vrai. La géolocalisation de google.fr ne porte pas vers une utilisation de Blogger mais d'une publicité contextuelle majoritairement achetée par des solutions de blogs francophones qu'elles soient payantes ou gratuites.

"Diffusion via Internet de photos chocs, prolifération de weblogs à vocation journalistique... La frontière est désormais ténue entre l'information authentifiée par un organe de presse qui a pignon sur rue et celle, bourgeonnante, qui circule à grande vitesse sur le Web. D'autant plus que les webloggers disposent aujourd'hui de la même matière première que les journalistes de métier : les photos d'actualité et les dépêches d'agences qui défilent en continu sur les sites des grands médias. Le reste est une question de talent, d'intuition, de savoir-faire, de chance, de moyens financiers..."

Il est vrai que l'accès aux sources est largement simplifié pour tout internaute et l'on doit se réjouir que cet accès aux sources soit tout de même plus démocratique. Toutefois, une infime partie des blogs possède une approche journalistique : le blogueur n'a pas grand-chose de commun avec le journaliste. Le blogueur est un éditeur d'instantanéité avec un écrit, des clichés voire des vidéos. Il est plus sur le versant du témoignage, sachant que le témoignage peut être faussé, inventé et qu'il n'est donc pas source de crédibilité. L'instantanéité n'est pas amie non plus avec une vérification systématique des sources.
Mais il est vrai que la confusion peut être importante si elle n'est pas souvent rappelée et explicitée.

De la part de l'internaute lambda, que fera la différence entre un grand média et un blogueur dit "réputé" dans le traitement d'une information et sa restitution ? L'esprit critique de l'internaute avant tout. L'essentiel est d'avoir un vrai esprit citoyen d'approche des médias dans leur ensemble et de l'Internet en particulier.
Ce n'est pas propre à notre temps ; cela, en revanche, devrait être propre, toutefois, au système éducatif et à l'enseignement dès l'école primaire, dans une démocratie dite "moderne".

Le Monde s'inscrit là dans une bouée de secours qui veut dire : qu'allons-nous, nous même devenir, pris dans ce flot ? Quelle légitimité avons-nous ? Mais plus que cela : sommes-nous condamnés économiquement à moyen ou à long terme ?

Nota Bene: les 2 liens des articles mentionnés du Monde ne sont valables que quelques jours. Il est donc préférable de s'empresser de les consulter ;-)

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