Xeni Jardin sur sa vision et son histoire personnelle du blogging. Réflexions sur les blogs

J'ai connu Xeni Jardin via l'amie Emmanuelle Richard. Outre le fait que c'est une journaliste reconnue, son expérience professionnelle la porte à la confluence du blogging, de l'Art et de l'observation des phénomènes liés à la mobilité (Wifi, téléphones-photos, assistants personnels).
Cela correspond tout à fait au contenu et à l'angle du blog collectif BoingBoing dont elle est l'un des auteurs.
Là où beaucoup de personnes de médias s'arrêtent à l'observation, Xeni est une praticienne : elle teste, invente des concepts, aide des professionnels à s'essayer aux outils de publication (on lui doit d'avoir glissé à l'oreille du reporter Kevin Sites le fait de bloguer en direct d'Irak).

Le festival Art Futura publie aujourd'hui sur son site la récente intervention de Xeni sur le blogging : Lead block to weblogs.
En fait, c'est l'un des papiers avec lequel je me reconnais le plus sur l'évocation des blogs.

Xeni parle d'abord de son expérience de la Presse, de son enfance, en particulier l'aspect physique du journal : celui qui tâche les doigts, dont la taille des caractères des titres des articles semble immense par rapport aux mains d'un petit être...
Quelques décennies plus tard, comment peut-on comprendre et imaginer qu'il suffit de cliquer sur le bouton "publish" d'un éditeur-hébergeur de blogs ou d'un logiciel préalablement installé sur son ordinateur pour voir un billet pouvoir potentiellement être lu par des internautes du monde entier ?
Il existe un flot de lecture aussi bien textuel que visuel : des photoblogs du monde entier, des phrases dans différentes langues...

Le coeur de son article :
"I think about that press because it's pretty amazing that within one human lifetime -- okay, mine -- we can trace the evolution from lead blocks to weblogs. A simple publishing technology that allows virtually anyone, anywhere, to publish whatever they want whenever they want at virtually no cost, for immediate reach to millions of readers anywhere in the world.
Just because words can be published effortlessly now doesn't mean they'll be read, or worth reading. But instant online publishing changes the way we communicate just as fundamentally as that printing press did, when it first entered the world."

Xeni joue sur un jeu de mots mais fait aussi référence à la question du support (papier-média électronique) et à l'échelle du média (quelques supports de Presse-des millions de voix).
Au centre de ce qu'elle s'exprime, il y a le terme idées : les fils RSS sont un artifice technique qui créent un "écosystème d'idées".
La popularité grandissante des téléphones-photos et le partage d'éléments textuels ou non introduisent un nouveau type de narration, aux confluences de ce que l'on connaît : associant hypertextualité, lecture traditionnelle et échanges syndiqués (via les fils RSS notamment).

S'il existe avec le temps un modèle économique où le blogueur soit rémunéré pour son travail de publication sur son carnet, cela aura pour effet de modifier considérablement l'édition en ligne de nouvelles, d'opinions ou d'informations telle que nous la connaissons aujourd'hui, c'est-à-dire dirigée par des grands groupes de Presse.

De tout cela, Xeni dit que les blogs démocratisent les idées. Ce n'est pas une panacée universelle idyllique qui va permettre de se substituer aux médias traditionnels... Dans l'histoire des médias, un média n'en remplace jamais un autre car le nouveau média est simplement autre avec sa propre codification.
Xeni souligne aussi un autre point peu évoqué : l'Art est désormais disponible via le blogging auprès de nouveaux publics...
Un bien beau texte que celui de Xeni qui se base sur une expérience personnelle mais qui donne aussi à réfléchir.