@ Article sur les blogues et le SRAS
Epok, le magazine papier mensuel de la chaîne de magasins culturels en France Fnac publie dans son édition de juin en page 34, un article sur les blogues et le SRAS/SARS :
"SRAS : BLOGUE TON VIRUS
Jen a 28 ans. Elle est médecin urgentiste dans un hôpital de Singapour. Lorsqu'en mars 2003, les premiers cas du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) apparaissent dans l'île, le journal personnel (blogue) qu'elle tient sur le Net se transforme en chronique de la lutte contre l'épidémie. Elle témoigne d'une expérience "gravée à tout jamais dans sa mémoire".
"Il y a un an, j'ai commencé un blogue sur le Net. C'était surtout pour pouvoir m'exprimer sur des bouquins ou des films, pour échanger des adresses de bons restos et, éventuellement, parler un peu de mon travail. Quand l'épidémie de SRAS s'est déclarée, j'écrivais de façon plus théorique, comme détachée, sur le virus.
J'ai posté les récits de collègues travaillant dans d'autres hôpitaux, puis j'ai connu, fin mars, mon premier patient atteint de la maladie. J'en ai, évidemment, parlé dans mon blogue.
C'est alors que j'ai noté un véritable boom dans sa fréquentation, des débats passionnés ont démarré sur les forums... Face à tous ces gens, j'ai senti comme une responsabilité de continuer à informer, autant sur l'évolution du SRAS à Singapour que sur ses répercussions sur ma vie privée. D'autant plus que de nombreux internautes m'ont encouragée à poursuivre, à partager mes craintes et mes peurs.
J'ai également reçu des échos très positifs de médecins exerçant en Europe, aux Etats-Unis et au Canada. Mais ce qui m'a fait le plus plaisir , c'est que des collègues singapouriens ont aimé mon site et l'ont alimenté en récits de leurs propres expériences face au SRAS. J'espère que mon blogue a permis à la communauté médicale, ici, de resserrer ses liens. J'ai aussi réalisé que malgré le fait que nous vivions sur une petite île, le monde s'intéressait de près à ce qui se passait chez nous. En mettant à la disposition de chacun des milliers d'informations, Internet est un outil important dans la lutte contre le SRAS.
Je ne suis pas certaine que mes collègues en Chine aient un accès libre à la Toile, mais ce serait un excellent moyen pour eux de contourner les entraves que leur gouvernement pose à la libre circulation de l'information sur le SRAS."
Le blog de Jen (en anglais) : It's A Zoo Out There : my funny motto.
Propos recueillis par Alexandre Lévy.