Ils sont rentrés d'Iran (Téhéran et Shiraz) avec des pistaches fraîches que nous avons tout de suite mangées et des petites figues séchées de Shiraz à garder en réserve pour la nuit de
Yaldâ qui correspond au solstice d'hiver où l'on veille toute la nuit en bavardant et en grignottant des fruits secs histoire de remonter le moral au soleil. Ils m'ont aussi rapportée le rituel bracelet d'or, les sachets de safran, le paquet d'épines vinettes lyophilisées à mélanger au riz, sans oublier le
Sirish que je leur avais demandé. Oui, je m'ennuyais de l'odeur du
Sirish; c'est une colle en poudre à base de plantes qui sent bon et remplace très avantageusement les colles à base de néoprène qui donnent la migraine.
Bien sûr ils ont aussi apporté des nouvelles fraîches :
Les femmes se promènent pieds nus dans leurs sandales et laissent glisser de plus en plus souvent leur le foulard, ce qui n'était pas le cas l'année dernière. L'année dernière, très peu de gens avaient un téléphone portable, cette année on en voit un peu partout. Chacun se débrouille, et le niveau de vie s'améliore d'année en année; en survolant le pays en avion, on voit que les zones cultivées s'étendent. Où sont passés les petits mendiants ? Aucune idée. Cela fait des années qu'on ne les voit plus. L'industrie pétrochimique se développe, elle est de plus en plus sophistiquée, on ne se contente plus d'exporter bêtement du pétrole. Le nucléaire ? Pourquoi certains pays y auraient droit et pas nous disent la plupart des gens. Personne ne se soucie de Bush. Après le bourbier Irakien, comment oserait-il s'attaquer à l'Iran. C'est vrai, la corruption est un fléau, il n'y a pas de liberté de presse, mais ce n'est pas nouveau, il n'y a jamais eu de liberté pour la presse en Iran. D'ailleurs quelle importance? Tous les foyers moyennement aisés ont un accès internet et une parabole bien en vue sur leur terrasse malgré l'interdiction légale. Le pouvoir est bien obligé de fermer les yeux face à un tel raz de marée. Personne ne regarde la chaîne de télé officielle; dans les maisons les télés sont branchées sur les chaînes américaines qui passent des clips et des défilés de mode à longueur de journée.
Si vous voulez vous promener un peu par là bas, je vous conseille la galerie photo de
Nafiseh (ne ratez pas les gosses de Zurâbâd) ou le blog de Pendar qui consigne quelques
souvenirs de l'exposition de groupe de photographies qui s'est déroulée en septembre dernier à la galerie Bârân à Téhéran. Et pour connaître quelques uns des débats qui intéressent les acteurs de la culture en Iran, voyez le webzine culturel bilingue persan et anglais,
Teheran Avenue.
Surtout, n'oubliez pas que David Vincent est en ce moment en Iran ; sur son blog, il nous parle du
bleu d'Ispahan et de
la vie à Téhéran. Ses descriptions sont pleines de finesse et merveilleusement bien racontées.