Blogue d'actualite du blogue et d'ailleurs sur le Web... Blogue mémoire en ligne depuis 2003... Précurseur en son genre, ce "blogue de liens" existe depuis la nuit des temps (en âge blogosphèrique). À sa naissance il participa aux grandes lignes de l'infernale blogosphère, puis des remous virtuels le firent tanguer sans arriver à le faire sombrer. Il se retrouva en ces eaux paisibles d'où il vogue désormais sans peine ni tracas...

24 juillet 2004

Le billet du jour

Du blog Anastomoses et coquecigrues :

"Sociologie du bac à sable
(...)
Aujourd'hui, ce matin, je suis allé dans un parc avec mes enfants. Quand nous sommes arrivés, il y avait peu de monde, le parc venait d'ouvrir ses portes. Zoé s'est mise à courir vers un jeu qui se pratique à deux, une sorte de balançoire sur un pivot central. Une petite fille, plus grande qu'elle l'a aidée à monter dessus, j'ai aidé cette dernière et les ai poussées toutes deux. Elles sont parties à jouer, avec la petite soeur de la nouvelle copine de Zoé. Max, lui restait avec moi, suivant son chemin sans se préoccuper de quiconque.

Les deux grandes se sont mises à jouer ensemble, la petite a essayé de suivre, jouant clairement de son statut de petite soeur de l'ainée, tout en gardant un oeil sur Max qui avait commencé à prendre leurs jouets de sable. Celui ci ne se laissait pas démonter, prenant un rateau quand on lui arrachait la pelle des mains, un moule quand il n'avait plus de saut. Imperturbable. Pendant ce temps, Zoé et sa copine faisaient connaissance, se découvraient.

Au bout d'un moment, un groupe d'enfants est arrivé. Un centre de loisirs d'une trentaine d'enfants, entre 4 et 6 ans environ. il y eut d'abord un effet sauterelles géantes. Le calme a été rompu, les jeux envahis, les bancs squattés par les animatrices. Puis on a retrouvé un certain équilibre : les enfants du centre se sont répartis sur deux jeux, sans trop se chamailler.

La cohabitation entre les filles et les enfants est devenue palpitante à observer. Alors que tous ces enfants avaient à peu près le même âge, les trois filles, qui ne se connaissaient pas au départ, se sont rapprochées encore pour s'exclure des autres enfants. Il y a eu des tentatives d'approche, la copine de Zoé avait une boite avec une coccinelle dedans, grande attraction, et une petite fille en particulier cherchait à la voir. Elle s'est fait rembarrer par Zoé et sa copine. Ces dernières restaient sur le jeu, sur un endroit stratégique, le toboggan, comme pour bien montrer que les autres venaient sur leur territoire. Elles se poussaient quand un enfant voulait descendre, mais parfois il leur fallait forcer le passage.

Les trois filles se sont mises à défendre les jouets de sable, Zoé comme les deux autres. Ce qui était permis, ou plutôt toléré, à Max ne l'était pas aux autres. C'était fascinant de voir comment la notion de groupe, avec celle associée de territoire, prenait forme. L'espace est vaste, elles auraient pu aller jouer ailleurs si elles souhaitaient être ensemble, mais non, il fallait qu'elles restent là, pour bien montrer qu'elles avaient pris possession des lieux les premières. La petite qui était un peu marginalisée s'est de fait rapprochée des deux autres en devenant la plus féroce pour défendre le territoire, les possessions.

Au lieu de profiter de la présence d'enfants en plus pour jouer à de nouveaux jeux, c'est la réaction de repli sur soi qui a prévalu. Accepter une personne quand on est deux, ça passe, mais s'intégrer à un groupe alors qu'on est les premières sur place, c'est une autre affaire.

Max lui, à quatorze mois, n'est pas encore rentré dans ces logiques. Il s'occupe seul, prend ce qu'on lui laisse prendre (ça vaut aussi pour ce qu'il prend de force si il n'y a pas de vraie résistance en face), va voir ceux qu'il a envie d'aller voir. Il n'y a pas encore de sentiment de propriété, il prend ce qui lui fait envie pour le laisser ensuite s'il n'en a plus envie. Chaque enfant peut être un partenaire s'il ne le rejette pas.

Mais mine de rien, en regardant ces relations entre les enfants, je me disait qu'on est quand même plus proches de Sa majesté des mouches que de cette imagerie cucul qui montre nos enfants comme des êtres généreux. Et je ne pense vraiment pas que c'est uniquement un problème d'éducation."


Posté le 20 juillet 2003 (ne pas manquer de lire le fil de commentaires de ce billet!).

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