Blogue d'actualite du blogue et d'ailleurs sur le Web... Blogue mémoire en ligne depuis 2003... Précurseur en son genre, ce "blogue de liens" existe depuis la nuit des temps (en âge blogosphèrique). À sa naissance il participa aux grandes lignes de l'infernale blogosphère, puis des remous virtuels le firent tanguer sans arriver à le faire sombrer. Il se retrouva en ces eaux paisibles d'où il vogue désormais sans peine ni tracas...

27 avril 2004

Des baleines et des rêves

J'ai saisi le vieux livre à la couverture bleutée qui s'intitule "Chanson de la neige silencieuse"... J'ai parcouru de nouveau des extraits des nouvelles de ce recueil et me suis arrêté aux premières phrases "Des baleines et des rêves"... Il y a une pincée de Jerome David Salinger chez Hubert Selby Jr (disparu hier), une écriture dédiée à l'enfance, reconnaissante, subtile, joueuse et compréhensive... Morceau de bonheur à partager ; pour vous :

"Il y a longtemps de cela, un homme m'a dit que refuser de rêver équivalait à vendre son âme. J'étais jeune alors, et si je ne savais pas que ces mots allaient avoir en moi une résonance particulière et me marquer jamais, mais je me rappelle fort bien avoir cligné des yeux et hoché la tête, comme pour m'imprégner plus profondément de la véracité des propos qu'il me tenait grâce à ce simple mouvement.
Et j'avais la tête pleine de rêves. De rêves, de rêves, de rêves. Et je rêve encore.
Et la baleine est un rêve.
Lorsque j'étais petit et terrien, jouer avec des bateaux était mon activité favorite. Une simple baguette dans l'eau faisait l'affaire. Je navais nul besoin de voiles ou de vapeur, un peu d'imagination suffisait, et mes vaisseaux voguaient sur des mers lisses comme des miroirs, ou étalaient les tempêtes les plus terrifiantes. Et je contemplais le reflet du soleil sur les lagons des mers du Sud ou bien, quand la brise ridait sur la surface de l'eau, le reflet tourmenté de la lune sur l'Atlantique. Et les digues et les jetées étaient mes terrains de jeu favoris, et je passais des journées entières sur le rivage, ou sur le môle, à regarder les navires de toutes sortes et de toutes nationalités entrer et sortir du port, ou jeter l'ancre et stopper, tandis que des chaloupes amenaient les marins à terre. Je n'ignorais pas que les pilotes savaient très précisément où chaque navire devait mouiller l'ancre, et à quelle distance les uns des autres, mais le fait qu'un port plein de bateaux au mouillage ne connût jamais de problèmes continuait néanmoins à m'émerveiller. Et je restais assis pendant des heures à regarder la marée modifier la position des navires, tandis qu'ils tiraient sur l'ancre. Je regardais et je rêvais (...)."

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