Reflechir sur le journalisme

La mort du journalisme constitue-t-elle l'arrivée des blogs et, avec, la mort de l'information ?

"Le journalisme est mort. Vive...

Dans la dernière livraison du magazine «Politique», José-Manuel Nobre-Correia, professeur à l'ULB, diagnostique la mort prochaine du journalisme. Au métier d'informer se substitueront - et se substituent déjà - d'autres formes de journalisme:

«L'évolution du système médiatique porte à croire à une crise de plus en plus accentuée de la conception du journalisme née dans le courant du XIXe iècle, voire à l'entrée de celle-ci dans une sorte de coma irréversible. Car, désormais, la couverture de l'actualité par les médias est faite selon des critères qui ne sont plus ceux d'un service rendu aux citoyens pour leur permettre plus aisément l'insertion dans la société, l'assomption du statut de citoyens dans la cité, dans le système démocratique. Il s'agit désormais de leur fournir une part de rêve et de jeu nécessaire pour leur permettre de surmonter les contraintes, les tensions, le stress, les angoisses de la vie quotidienne, professionnelle et familiale, mais aussi de les amener à assumer pleinement et joyeusement leur statut de consommateurs. Autrement dit: tout porte à croire que le journalisme comme métier d'information de masse est en voie de disparition. Restera toutefois le journalisme comme métier d'information des élites ou du moins de groupes sociaux restreints. D'autres techniques, immémoriales, reprendront du service, telle la rumeur; d'autres, très anciennes, retrouveront le terrain perdu, telle la propagande; d'autres encore, plus récentes sur les formes que nous leur connaissons aujourd'hui, gagneront encore de l'importance, telle la publicité. Des techniques qui ne relèvent pas du métier d'information, mais qui ont toujours prétendu et prétendront encore informer.»"

Source : José-Manuel Nobre-Correia, Journalisme: une certaine mort annoncée, Revue Politique de décembre 2004.