Des foules

Zut! j'avais oublié le mail de Parismob qui dormait dans ma boîte aux lettres. Et puis en rentrant du travail ce soir, j'en vois un autre pour me rappeler que le flashmob intitulé Dix de der c'est ce soir à 19h17 du côté de la place Rambuteau. Consigne, venir avec un chapeau voyant et un briquet en état de marche.

Mediatic a toujour annoncé les flashmobs, alors ne dérogeons pas à la tradition, surtout si comme le laisse entendre le titre celui ci serait le dernier.

Mais comme il est un peu tard pour s'y rendre, je vous propose un peu de lecture sur l'étude des comportements des foules :

- Peut-on penser la foule comme un corps ? La foule a-t-elle un langage ? C'est la question que pose le site de Socialfiction avec cet article Hacking the language of crowds. Le petit programme qu'ils ont créé prétend simuler le comportement des foules selon des croisements de lignes qui produisent des schémas de cristaux. Pour résumer, c'est un jeu de fils et clous tout à fait fantaisiste sur lequel l'auteur nourrit de doux fantasmes. Via Howard Rheingold sur Smartmobs.

- Une autre approche, moins abstraite, est celle de Christian Nold qui participait récemment au festival Deaf04 dont je vous parlais il y a quelques temps. Le projet Crowd Compiler utilise le dispositif des caméras placées dans les lieux publics pour enregistrer à intervalles réguliers et relativement rapprochés, les mouvements de la foule (direction, densité) puis il traite cette succession d'images pour en tirer une image qui montre les variations de densité de la foule en faisant abstraction du lieu (aplat de couleur).

Son autre projet, Diversity index non encore réalisé, interroge l'idée de diversité. Peut-on donner un instantané de la diversité d'une foule? Il s'agirait de concevoir un appareil photographique qui ne donne pas une image de la foule, mais la représente à travers un chiffre. Le chiffre représenterait non pas le nombre de gens, mais la diversité de la foule, selon divers critères : couleur de la peau, ou couleur des vêtements. L'appareil serait réglé pour traduire la variation des pixels.

Son plus récent projet, biomapping, consiste à équiper les participants du projet d'un capteur de stress installé sur les doigts, un boîtier indicateur (lumière rouge ou verte = + ou - de stress), et un GPS qui permet d'associer des lieux à des intensités d'émotion. Le boîtier indicateur mémorise les données dans le temps. Au retour de sa promenade, les données sont stockées et traitées avec un logiciel qui d'une part trace la carte des émotions du participant, d'autre part fait des recoupements avec la carte des autres participants pour déterminer des zones émotionnelles dans la ville.
Voici un exemple de carte qui superpose les données de tous les participants sur la journée du 29 juin à Londres.

Pour en savoir plus sur les enjeux de la modélisation des comportements de foule, on pourra consulter :

- Cet article de Jennifer Schellinck de l?université de Carlton (Canada) qui tente de répondre à la question : qu'est-ce qui déclenche une émeute dans un contexte de foule ?

- La revue en ligne JASSS The journal of Artificial Societies and Social Simulation.

- les résumés d'un colloque parisien récent (novembre 2004) sur la simulation des comportements humains. Les intervenants sont pour beaucoup des militaires. Le groupe Masa SCI qui organisait cette rencontre à Paris, commercialise un logiciel de simulation et décision DirectIA® proposé pour un usage militaire.

- Sur Arte-tv, une petite interview (août 2001) de Michael Schreckenberg, physicien, Université de Duisenberg sur la science des mouvements piétonniers. Ces études visent à préciser les normes de sécurité dans l'architecture publique.

- Les actes de l'Atelier modélisation Environnement (novembre 2003).