"Aurore du soir
Aurore, ton prénom sonne comme un matin de printemps. Tu as 22 ans dans tes yeux qui n'ont pas fini de découvrir la rosée de l'aube chantante. Hier soir, je suis venu te chercher dans ton oubli, dans lequel tu languissais depuis déjà trop longtemps.
Tu vis au coeur des mélodies et des mots, ne te lassant jamais d'attendre avec eux que j'arrive, les mains chargées d'espérance. Si j'ai tardé, c est qu'en chemin, j'ai croisé l'éveil de la lune. Je me suis arrêté sur le bord de ce chemin pour lui parler de toi. Il t'écoute si bien que j'aime entendre ses silences. Nous avons murmuré si fort que le soleil en rougissait de plaisir.
Puis, j'ai marché jusqu'à l'antre de ton sommeil. Longtemps je t'ai regardé, mais jamais comme ce soir-là. Un songe accroché au bord de tes pupilles, et moi qui voudrait dessiner ce sourire qui incite à la lumière. C'est parce que le temps presse que je ne fais rien, que j'attends dans le silence ombragé du soleil couchant. Il est si bon, parfois, de profiter de ces instants qui n'appartiennent qu'à l'urgence.
Mais, il nous faut partir et s'effacer de nos souvenirs d'enfants. L'espace d'une nuit, je t'envole pour une destination que tu ignores. Pour couvrir tes épaules, tu emportes avec toi, un gilet de pureté que je presse un peu contre ta peau, de mes mains maladroites.
Obsédante obscurité à laquelle il te faut t'habituer, toi, coutumière du jour, car le chemin sera long pour découvrir ce point de notre contemplation.
Arrivés enfin, tu cèdes à la fatigue et sombres dans tes intentions. Nous découvrons alors ce bonheur d'être seuls au coeur de notre monde. L'éveil a cédé la place à la lune, pleine et entière. Je te la présente, je crois que tu lui plais. Je la connais bien, à force de vivre dans la nuit et de n'être endormi que le jour. Tu as enluminé ma pénombre et désormais je soleils à tes côtés.
Si je viens te montrer la lune, si belle, mais si grise, c'est afin de la saluer une dernière fois et vivre avec toi dans la lumière des heures bruyantes.
Pour le trajet du retour, c'est toi que je suis pour mieux rentrer dans la clarté. J'accueille tes paroles salvatrices pour lesquelles j'ai dû dompter la nuit et toi l'ennui de l'attente.
Le noir et le silence cèdent la place au jour et aux paroles sans fin. Avec toi, je peux enfin vivre dans le jour, ébloui dans le bonheur."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire